En treize ans d’existence, Eric et Aurélie Viard ont fait de leur entreprise un acteur incontournable de l’alimentation vivante et de la parentalité alternative en France. Produits alimentaires innovants, livres inspirants, formations en ligne créatives… Tour d’horizon de l’univers Biovie.
Comment est née Biovie ?
Eric : J’ai crée Biovie en mars 2007. Le premier objet de l’entreprise était de publier le premier livre en France d’alimentation crue : la traduction française de Cuisine vivante pour une Santé Optimale rédigé par le docteur Brian Clément, directeur de l’Institut de Santé Hippocrate en Floride. À l’époque, il n’y avait presque qu’aux ÉtatsUnis qu’on parlait de ce type d’alimentation. En France, peu de personnes connaissaient le mouvement crudivore qui en était à ses balbutiements. N’ayant finalement pas suffisamment d’argent pour financer la publication du livre je me suis tourné vers une activité parallèle pour réunir les fonds : la commercialisation de germoirs automatiques Easygreen destinés à faire pousser facilement des graines germées chez soi. À ce stade, pendant plusieurs mois, l’activité de vente de germoirs a pris le dessus, et l’édition a attendu sagement. Puis, en janvier 2009, j’ai réussi à publier à 5000 exemplaires la première édition française du livre, grâce aux droits qui m’avaient été offerts par L’institut de Santé Hippocrate. L’activité de commerce s’est poursuivie et s’est étoffée progressivement jusqu’à l’arrivée d’Aurélie dans ma vie en 2015.
Pouvez-vous expliquer comment vous avez pérennisé l’entreprise ?
Aurélie : En 2015, à l’époque, je travaillais dans un magasin bio au rayon des compléments alimentaires. J’avais choisi ce travail car je ne m’en sortais pas dans mon activité précédente de création artistique et de couture, seule avec deux enfants à charge. En travaillant dans ce magasin bio, cela faisait un an que j’avais changé d’alimentation en optant pour le végétarisme et le cru, c’est comme ça que nous nous sommes rencontrés avec Eric, autour de ce centre d’intérêt commun. Rapidement, Eric a souhaité m’intégrer au fonctionnement de Biovie car nous avions compris que notre complémentarité servirait le vivant.
Eric : Aurélie est arrivée avec beaucoup de créativité dans l’entreprise, et tous les deux, petit à petit nous avons étendu la gamme de produits. D’abord suite à des demandes de médecins et de naturopathes qui étaient intéressés pour que nous référencions certains produits spécifiques (algue du lac Klamath, souchet, jus d’herbe d’orge déshydraté à basse température...) et aussi suite à la suggestion de certains de nos clients fidèles (filtre à eau japonais, pollen frais, argile ghassoul...).
Nous avons développé l’activité d’édition petit à petit suite à des rencontres déterminantes, et aussi par rapport à notre histoire personnelle comme c’est le cas pour les livres traitant de la parentalité. Aujourd’hui, Biovie peut compter sur un portefeuille de 45 700 clients fidèles dont la majorité commande tout de même près d’une fois par mois. Cela représente environ 70 commandes par jour pour la vente aux particuliers. Nous avons aussi bien sûr une activité de grossiste pour les revendeurs.
Aujourd’hui, quel est l’état d’esprit de Biovie ?
Eric & Aurélie : L’une des premières valeurs que nous défendons dans l’entreprise, c’est son authenticité : tout ce que nous décidons de vendre, nous l’utilisons dans notre quotidien. Que ce soient les algues fraîches, comme le germoir ou le blender, le souchet ou encore l’eau de mer… Ces produits sont véritablement des aliments qui nous accompagnent depuis plusieurs années et que nous souhaitions rendre accessibles pour le plus grand nombre de familles qui ont choisi l’alimentation vivante. Nous accordons aussi un grand intérêt à l’éthique, en nous assurant tout d’abord que les produits que nous distribuons soient labellisés Ecocert. Sur ce plan éthique nous sommes également attentifs au travail des employés de nos fournisseurs, qu’il soit respectueux de leur santé, et enfin toujours sur ce plan éthique, nous nous assurons que la filière que nous mettons en place soit « propre » au sens écologique du terme, avec un transport par bateau plutôt que par avion, que les emballages soient recyclés ou réutilisables…
La troisième valeur qui caractérise l’entreprise c’est la qualité. Nous sommes très attentifs à ce qu’elle soit constante et que chaque filière s’engage dans ce sens. Nous nous déplaçons toujours à la rencontre de nos fournisseurs qu’ils soient en Thaïlande, en Tunisie ou aux Etats Unis.
Enfin la dernière valeur qui nous démarque d’autres entreprises semblables, c’est probablement l’écoute de nos clients. Nous ne réalisons jamais d’études de marché avant de lancer un produit, nous nous fions davantage à notre instinct, mais par contre, nous sommes extrêmement attentifs aux retours que nos clients nous font sur nos produits. Et on adapte parfois les produits en fonction de ces retours. C’est le cas par exemple pour le durian lyophilisé que nous ne proposions qu’en conditionnement de 500 g, et suite à de nombreux retours, nous allons désormais le proposer en sachet de 250 g. Pour l’eau de mer, c’est l’inverse, certains clients nous demandaient de très gros conditionnements, nous la vendons donc désormais en format 20 litres.
Depuis l’origine, nous avons souvent privilégié les gros conditionnements car ils permettent de faire des économies d’échelle et de vendre à un prix compétitif. Mais ils permettent aussi de fédérer les acheteurs entre eux afin de favoriser des commandes groupées. Et ça, humainement, c’est intéressant pour nous car les clients se retrouvent et font connaissance pour réceptionner les produits, ce qui crée du lien social. C’est particulièrement le cas avec nos cocos fraîches que nous envoyons souvent par palettes à des regroupements de consommateurs qui se sont crées autour de ce produit.
Qu’est ce qui fait que Biovie est une entreprise différente ?
Eric & Aurélie : Plein d’aspects ! Déjà, tous les deux nous sommes curieux et nous aimons la nouveauté. Cela se retrouve logiquement dans l’entreprise.
Nous avons à cœur d’être à l’avant garde en proposant des produits innovants jusque là non distribués sur le marché français ou européen. Cela a été le cas avec les feuilles d’aloe-vera fraîches, dont nous vendions près de douze tonnes par semaine lorsque nous avons lancé la filière.
En France nous étions les tout premiers sur ce produit de niche. Par la suite, au bout de quelques mois, plusieurs autres entreprises nous ont emboîté le pas et le produit s’est vraiment vulgarisé, au point d’en trouver dans de très nombreux supermarchés français, et c’est pour cela que nous avons cessé la vente en ligne. Mais notre objectif de démocratisation d’un produit de qualité était atteint. Pour l’eau de mer (le plasma de Quinton) c’est encore une histoire différente : la distribution de ce produit en France est entre les mains de quelques entreprises qui détiennent un monopole important et qui vendent le produit à un prix excessif sous de petits conditionnements. Dans ce cas précis, nous avons une réelle volonté de bouleverser les filières établies et nous avons une satisfaction personnelle à proposer un produit hautement qualitatif à un prix nettement plus intéressant…
Pour le souchet, ce sont des raisons médicales qui ont fait que nous nous sommes intéressés à ce produit : les poly-allergies qui empêchent certains enfants de consommer des produits laitiers et aussi des boissons végétales à base d’oléagineux. Le souchet est un tubercule qui ne pose aucun problème sur le plan allergique, même pour les plus fragiles. Sur la demande d’un pédiatre de renom qui cherchait à orienter ses petits patients allergiques sur ce produit, nous avons décidé de l’importer et c’est un succès, car en un an, nous en sommes à près de deux tonnes. Pour le coup, ce n’est pas de l’innovation ou de la tendance pour de la tendance : cela rend service à beaucoup de familles de pouvoir consommer du souchet sous forme de lait végétal qu’elles peuvent produire elles-mêmes à la maison de surcroît, sans grand investissement car ce tubercule coûte seulement la moitié du prix des amandes.
En résumé, nous avons un intérêt à créer certaines filières mais pour d’autres, cela n’est pas toujours primordial pour nous de les pérenniser si d’autres acteurs se présentent sur le créneau.
Il y a de la place au soleil pour tout le monde ! Notre volonté est clairement d’innover, mais aussi de donner envie à d’autres de le faire pour améliorer l’offre présente sur le marché. Pour le volet Edition de l’entreprise, crée en 2009, ou les webinaires (cours de crusine en ligne) que nous avons lancés pendant le confinement covid-19, notre démarche est à peu de choses près la même : proposer des livres ou des formations qui apportent un vrai plus par rapport à ce que l’on trouve habituellement à propos de l’alimentation vivante ou de la parentalité. Pour les livres, nous avons, en plus, une vraie démarche qualitative et surtout écologique avec l’imprimeur que nous avons choisi. Il s’agit de l’imprimerie la plus écologique et sociale de France : elle utilise des encres végétales, rémunère ses employés à salaire égal entre hommes et femmes, embauche plus de personnes en situation de handicap que la moyenne, reçoit des stagiaires en situation d’échec scolaire, toute la toiture de l’imprimerie est en panneaux solaires, les commerciaux utilisent des véhicules électriques, les salariés qui viennent en vélo perçoivent une prime... etc. Autrement dit, elle partage nos valeurs d’intégrité, de fidélité et d’authenticité.
Finalement, avec Biovie, nous mettons l’humain et l’écologie au cœur de nos préoccupations, et c’est véritablement ce qui nous anime chaque matin.
En quoi peut-on dire que Biovie est aujourd’hui un acteur du commerce équitable ?
Eric : Depuis toujours, j’ai souhaité mettre sur pied des filières où réellement, je connaissais les producteurs. Cette volonté a clairement été pérennisée avec l’arrivée d’Aurélie qui a coïncidé avec une extension de la gamme de produits distribués par Biovie.
Désormais, tous les deux, nous nous rendons régulièrement aux quatre coins de la planète, rencontrer nos fournisseurs afin de tisser un lien durable avec eux. Pour les cocos fraîches par exemple, en l’espace de deux ans, nous avons crée la filière de toutes pièces car avant Biovie, aucune entreprise en Europe ne s’était risquée à importer des noix de coco fraîches. Pour cela, en Thaïlande, nous avons rencontré Liu et Anthony et nous avons préfinancé les récoltes à hauteur de 70 000 € pour lancer la filière et la pérenniser. Pendant un an et demi, nous avons donc importé les noix fraîches sur la base de ce partenariat. Par la suite, nous avons dû interrompre pour quelques mois l’importation car les blocus musclés de décembre 2019 sur le port de Marseille ont empêché le déchargement de nos containers, et le déroutement d’un bateau à noël 2019 sur le port d’Athènes nous a fait perdre de la marchandise... Liu a de son côté rebondi et trouvé d’autres débouchés avec les Etats Unis notamment et continue à faire grandir son entreprise. La relation de confiance que nous avons bâtie avec elle nous a touché, et elle a été un préalable important à la relation commerciale que nous avons construit.
Un mot de la fin ?
Eric & Aurélie : Nous vivons un véritable changement de paradigme au niveau sociétal et environnemental bien sûr, mais aussi au niveau entreprenarial et une activité commerciale aujourd’hui ne peut plus faire l’impasse sur l’humain, c’est par cette évidence que nous contribuons au monde de demain.